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Les MotsJe jouais dans le jardin de la villa, apeurГ© parce qu'on m'avait dit que Gabriel Г©tait malade et qu'il allait mourir. Je fis le cheval, sans entrain, et caracolai autour de la maison. Tout d'un coup, j'aperГ§us un trou de tГ©nГЁbres: la cave, on l'avait ouverte; je ne sais trop quelle Г©vidence de solitude et d'horreur m'aveugla: je fis demi-tour et, chantant Г tue-tГЄte, je m'enfuis. A cette Г©poque, j'avais rendez-vous toutes les nuits avec elle dans mon lit. C'Г©tait un rite: il fallait que je me couche sur le cГґtГ© gauche, le nez vers la ruelle; j'attendais, tout tremblant, et elle m'apparaissait, squelette trГЁs conformiste, avec une faux; j'avais alors la permission de me retourner sur le cГґtГ© droit, elle s'en allait, je pouvais dormir tranquille. Dans la journГ©e, je la reconnaissait sous les dГ©guisements les plus divers: s'il arrivait Г ma mГЁre de chanter en franГ§ais Le Roi des aulnes, je me bouchais les oreilles; pour avoir lu L'Ivrogne et sa femme je restai six mois sans ouvrir les fables de La Fontaine ...» |
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