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Les Essais - Livre IIIJe ne lis jamais cette histoire, que je ne m'en offence, d'un ressentiment propre et naturel. Lyncestez accusГ© de conjuration, contre Alexandre, le jour qu'il fut menГ© en la presence de l'armГ©e, suivant la coustume, pour estre ouy en ses deffences, avoit en sa teste une harangue estudiГ©e, de laquelle tout hesitant et begayant il prononГ§a quelques paroles: Comme il se troubloit de plus en plus, ce pendant qu'il lucte avec sa memoire, et qu'il la retaste, le voila chargГ© et tuГ© Г coups de pique, par les soldats, qui luy estoyent plus voisins: le tenans pour convaincu. Son estonnement et son silence, leur servit de confession. Ayant eu en prison tant de loysir de se preparer, ce n'est Г leur advis, plus la memoire qui luy manque: c'est la conscience qui luy bride la langue, et luy oste la force. Vrayement c'est bien dit. Le lieu estonne, l'assistance, l'expectation, lors mesme qu'il n'y va que de l'ambition de bien dire. Que peut-on faire, quand c'est une harangue, qui porte la vie en consequence? Pour moy, cela mesme, que je sois liГ© Г ce que j'ay Г dire, sert Г m'en desprendre ...» |
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